Tolix, la petite chaise française à la conquête du monde
En Bourgogne, une entreprise brave le défaitisme ambiant et s’entête à produire en France. Cependant, l'ombre de la Chine n'est jamais bien loin, entre tentations de délocalisation et spectre de la contre-façon. Tolix, fleuron du design industriel "Made in France" est en effet, confronté aux copies venues d’Asie.
Du Succès des années 30, à aujourd'hui, en passant par la faillite de 2004
C'est au pied du Morvan, dans la petite ville d’Autun, en Saône-et-Loire, que se fabrique depuis près d’un siècle cette petite chaise en tôle emboutie. Créée dans les années 30 par un artisan chaudronnier nommé Xavier Pauchard, elle a traversé l’Atlantique en 1934 sur les coursives du "Normandie". Solide, ingénieuse, et empilable à l'infini, l'inoxydable petite chaise, a affronté les intempérie, et envahi les terrasses des bistrots de l’entre-deux guerres.
Mais en 2004, la saga familiale initiée 70 ans plus tôt par l'artisan bourguignon s’interrompt brutalement. Les meubles et rangements en acier galvanisé de Tolix ne se vendent plus. Les arrière-petits-fils du créateur mettent la clé sous la porte. Placée en liquidation judiciaire, l'usine se vide de ses cinquante-six ouvriers.
Chantal Andriot, alors directrice financière de l'entreprise familiale, a connu trois générations de Pauchard. Fine connaisseuse de l'usine, elle refuse l’inéluctable et veut croire que le savoir-faire Tolix a encore un avenir : "Je n’étais pas sûre que ça marcherait, mais j’avais un espoir. Et puis à 50 ans, j’imaginais difficilement une reconversion : je ne voulais pas quitter Autun". Elle parvient à réunir 250 000 euros, convainc le Crédit Mutuel de lui en prêter 100 000, et reprend l’usine avec une poignée d’ouvriers en 2004.
Chantal Andriot a une idée, simple et lumineuse : elle veut dépoussiérer la tradition, faire sortir Tolix du noir et blanc : "Je n’ai pas fait de révolution, j’ai seulement introduit de la couleur", glisse-t-elle d'une voix discrète. Dès le premier salon, la petite chaise de l’entre-deux guerres suscite à nouveau la curiosité. Mme Andriot s’enhardit. Elle voyage, part à la conquête de nouveaux marchés.
Après seulement quelques mois, les bilans comptables viennent rassurer l’ancienne directrice financière : 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires dès le premier exercice (7 millions aujourd'hui). Tolix s'impose comme le leader français du meuble métal. Les exportations s'envolent, pour atteindre la moitié de ses commandes.
Malgré le marasme économique, Tolix a vu ses ventes exploser ! Elle a bravé la crise, et traversé les modes, pour faire irruption dans les intérieurs bourgeois à la fin des années 2000 et ainsi devenir un best-seller de design vintage, au style industriel. En version brute vernie ou couleur laquée, elle s'utilise en intérieur et extérieur. Consécration suprême, elle vient de décrocher la reconnaissance des historiens de l'art et s'expose au musée national d'Art moderne Pompidou à Paris ! Mais seule ombre au tableau, elle doit aujourd'hui faire face à une nouvelle menace : la contrefaçon
De nouveaux marchés
La production des célèbres chaises acier Tolix, mais aussi des autres mobiliers design assurent désormais la renommée internationale de l’entreprise autunoise et du savoir-faire français. « Tout, chez nous, est fabriqué en France », assure Chantal Andriot.
Le succès aujourd’hui, c’est la conquête de nouveaux marchés. « Nous revenons de déplacement au Brésil, en Russie, en Chine. Les pays scandinaves nous demandent également », indiquent la mère et la fille, très attachées à maintenir et à développer leur affaire sur Autun, bien que leur développement dans de nouveaux locaux fût convoité par d’autres agglomérations.
"Made in Autun", face à "Made in Asia"
Tolix fait partie désormais partie des musts de la contrefaçon, et l’ex-directrice, devenue patronne financière est fébrile, inquiète: "Nous sommes copiés dans des proportions incroyables en Chine et en Inde. On trouve ces contrefaçons en boutiques et sur internet, avec parfois 'Tolix' en méta tag (un élément invisible à la lecture mais qui oriente les moteurs de recherche). On a vu des stands entiers de copies dans des salons comme Maison et Objets ! Il y a peu de temps, nous avons présenté un de nos prototypes au Brésil, il était copié avant même qu’on le mette en fabrication", s’étrangle-t-elle.
De très mauvaise qualité, ces copies sont souvent indétectables sur internet. "A l’écran, ça rend très bien", se désole la patronne. Elles sont beaucoup moins chères - 70 euros pour un tabouret contre plus de 200 pour l’original – mais peuvent s’avérer dangereuses.
Source:
http://crise.blog.lemonde.fr/2012/11/05/made-in-france-1-tolix-une-petite-chaise-francaise-a-la-conquete-du-monde/
http://www.amateurdedesign.com/tolix
http://www.lejsl.com/edition-d-autun/2012/05/09/pas-de-crise-chez-tolix